L'évolution des langues en France
Le territoire qui est devenu la France était, depuis l'époque des Romains jusqu’à la fin du Moyen Âge, une véritable boîte de Petri pour les langues. Toutes les langues des peuples indigènes étaient touchées par la langue apportée par les Romains, le latin dans ses deux formes, le latin classique et le latin populaire, et vice versa.
Les linguistes estiment que, vers le début du Moyen Âge central (circa au XIe siècle), il y avait plusieurs dialectes en France que l’on peut classer dans trois groupes principaux: la langue d’oïl au nord, le francoprovençal ou l'arpitan à l’est/sud-est, et l’occitano-roman (l'occitan ou la langue d’oc et le catalan) au sud.
Peu à peu au nord du territoire, le latin populaire s'est transformé en le parler gallo-romain et puis en les langues d’oïl dont le dialecte parlé en Ile-de-France est reconnu comme l’ancêtre direct du français moderne. Ce dialecte était privilégié parce que le domaine royal du roi englobait une partie d’Ile-de-France, y compris Paris où il est parlé.
Pendant ce temps, les habitants au sud restaient plus attachés à la culture romaine et leurs langues (l'occitan et le catalan) continuaient d’être plus influencées par le latin que les deux autres formes. La langue d’oc et le catalan ont résisté à la francisation.
La carte à gauche indique les limites de la langue d’oïl/française au sud de la France au XIIIe siècle. La frontière entre la langue d’oïl et la langue d’oc est représentée par deux lignes pointillées, une en rouge (indiquant les anciennes limites de la langue occitane), l’autre en bleu (indiquant les limites méridionales du français au XIIIe siècle). Les deux lignes pointillées (presque l'une sur l'autre) se trouvent au nord de la ligne rouge (indiquant la limite actuelle de la langue occitane).
Un phénomène culturel a peut-être aidé à soutenir cette résistance. Au Moyen Âge la lanque d’oc était la langue principale des troubadours (en occitan: “trobador” ou “trobairitz” pour une femme), é savoir des poètes-musiciens qui apparaissent à partir du XIe siècle aux cours des familles nobles qui utilisaient l’occitan. Mais la poésie des troubadours s’est répandue bien au-delà du sud, étant appréciée même au nord de la France, aussi en Angleterre, en Italie, en Espagne, au Portugal, voire en Hongrie. Une influence arabe dans la musique et la poésie ainsi que le mot pour l’art lui-même, “trobar,” soit due à des contacts hispano-arabes, soit due à des contacts avec les Arabes en Terre Sainte pendant les Croisades, a été proposée par des musicologues et des linguistes. La question reste ouverte. Il semble que les troubabours aient disparus pendant la période de la Peste noire au XIVe siècle.
Frédéric Mistral (voir l’image à gauche) né le 8 septembre 1830 à Maillane, Bouches-du-Rhône, mort le 25 mars 1914 au même lieu, était un écrivain, un poète, et un philologue qui s’est vu décerner le prix Nobel de littérature en 1904 pour sa poésie en langue d’oc. (Mistral a utilisé “le provençal” pour tous les dialectes de la langue d’oc. Aujourd’hui “le provençal” est normalement resérvé pour le parler local de la moitié sud de la région “Provence-Alpes-Côte d’Azur”).
En 1854 Mistral et six autres amis-écrivains de la région ont etabli l’association “Félibrige” (qui veut dire “élève” ou “suiveur” en occitan) pour la défense et la promotion de la langue d’oc. “Félibrige” existe toujours et se décrit comme “une école littéraire, un mouvement militant, une académie, une philosophie…”
Extrait du poème, "Mirèio," avec une introduction en langue d'oc
L'oeuvre de Mistral la plus connue est “Mirèio”, composée en 1859 en langue d’oc. C’est une histoire d’amour de deux jeunes de la Provence, la fille, Mirèio (Mireille en français) et Vincèn (Vincent) provenant de classes sociales différentes. Nous vous invitons à écouter un extrait du poème avec une introduction faite elle aussi en langue d’oc.